Analyser avant d’isoler !!

L’isolation thermique des parois d’une bâtisse ancienne est devenue une démarche systématique lors d’un projet de réhabilitation. L’étude thermique, le choix de l’isolant et sa mise en oeuvre, sont désormais régulièrement pris en compte, mais le bâti ancien nécessite une analyse préalable indispensable avant la mise en oeuvre d’une isolation judicieuse, durable et cohérente.

L’analyse d’un bâtiment consiste en un minutieux travail d’observation de chaque décimètre carré des parois, intérieures et extérieures.

L’ observation est associée au questionnement permanent.

Où est implanté le bâtiment ? 

Les constructions anciennes ayant régulièrement suivi les pentes de terrain, peuvent comporter des murs semi-enterrés, à travers lesquels des transferts importants d’humidité peuvent nuire à un matériau isolant rapporté en intérieur. Les pentes de terrain extérieurs peuvent favoriser l’accumulation d’eaux de ruissellements en pied de mur. La présence de source d’eau souterraine peut à la fois accentuer les remontées d’eau par capillarité et provoquer des fissures dans la maçonnerie, altérant l’étanchéité à l’air du mur.

Quels matériaux sont mis en œuvre dans l’élévation du mur ?

Dans un mur en pans de bois, les joints entre les pièces de bois et le remplissage doivent être appréhendés pour éviter les infiltrations d’eau et passages d’air, néfastes à la construction mais aussi aux matériaux accolés en intérieur. 

Un vieux mur de moellons gélifs, décrouté de son ancien enduit devient vulnérable aux infiltrations d’eau. Ce type de mur peut s’imbiber fortement d’eau de pluie qui s’abat sur les façades exposées et va mettre plusieurs années à sécher. Il est alors bien risqué d’y appliquer une laine de bois ou même un enduit terre-paille, sans risquer d’y voir se développer des moisissures, pourrissements ou autres champignons. L’analyse des maçonneries devient alors un acte sanitaire mais également thermique, car un matériau humide est fortement conducteur de calories.

L’observation du bâti fait régulièrement apparaître les manquements des occupants ou gestionnaires, en terme d’entretien du bâti. Il n’est pourtant pas besoin d’être un spécialiste pour repérer les trous de souris dans les joints à la chaux des soubassements en pierre ; ou encore, des défauts de gouttières (bouchées ou mal raccordées). Un jointoiement défectueux d’une maçonnerie qui devient donc moins étanche à l’air, peut engendrer des déperditions importantes de chaleur. L’entretien des jointoiements ou des enduits à la chaux participe à la durabilité du bâtiment, mais aide alors aussi à la performance thermique du bâti, en évitant les passages d’air. En intérieur, une vigilance sera apportée à l’état des emboûts de poutre ancrées dans les maçonneries et aux assemblages de charpente, avant que ceux-ci ne soient en partie masqués par l’épaisseur d’isolation.

Côté mise en œuvre de l’isolation des murs anciens, il faut garder en tête l’absence de coupure de capillarité et suivant les lieux, des transferts plus ou moins importants d’humidité en pied de mur.

Suivant les ambiances recherchées en intérieur, certains maitres d’ouvrage opteront pour une isolation par la pose d’une laine de bois, l’insuflation ou la projection d’une ouate de cellulose. La précaution voudra d’utiliser un isolant moins sensible à l’humidité en pied de mur avec, par exemple, la mise en œuvre de panneaux ou de billes de liège pour le soubassement. 

D’autres choisiront un enduit isolant, type terre-paille ou chaux-chanvre, derrière lequel les maçons auront appliquer un gobetis de chaux pouzzolanique en soubassement pour limiter les effets des remontées capillaires (moisissures ou efflorescences de salpêtres…).

Une fois les corrections apportées pour éviter les excès d’humidité, et les courants d’air, la difficulté est alors d’évaluer le temps nécessaire à un mur ancien, pour retrouver son équilibre hydrique avant de lui appliquer une isolation même perspirante. Cela peut se compter en mois et parfois en années.

Dans la planification du projet, l’état des lieux devient une urgence afin d’opérer au plus vite aux premières démarches qui permettront d’assainir le bâtiment, en prenant en compte les caractéristiques techniques et architecturale du bâti existant.

En façade, une maçonnerie de moellons «gelifs» prévu pour être enduits. En intérieur, l’eau s’infiltrant par les micro-fissures des moellons gagne la poutraison récemment remplacée.
Une gouttière mal raccordée en extérieur a provoqué des infiltrations dans la maçonnerie de la cave de cette maison, jusqu’à voir se développer des champignons. Suite à l’analyse du bâti réalisée avant les travaux, l’isolation du plancher est reportée, après le séchage du mur.
Le passage d’une caméra thermique peut-être très révélateur de déperditions de chaleur pour les maçonneries de moellons dégarnies de leurs joints par les intempéries et les galeries de rongeurs.


Dans cet exemple, l’isolation du mur est réalisé en laine de bois avec un soubassment en liège. Le parement intérieur sera en lame de bois de peuplier.

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